L’image saisissante de milliers, dizaines de milliers, millions de réfugiés ukrainiens, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées se pressant aux frontières de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Moldavie en ce mois de mars 2022 avaient un je ne sais quoi de déjà vu ! Déjà vu des films et images d’actualités de la deuxième guerre mondiale, mais aussi des guerres en Yougoslavie dans les années 1990 et plus récemment en Irak, en Afghanistan, en Syrie ou au Yémen.
Toutes ces horreurs nous bouleversent. Mais elles nous engagent d’autant plus quand il s’agit du territoire du continent européen et plus précisément de frontières de l’Union européenne. Nous avons tous été frappés par l’extraordinaire élan de solidarité des citoyens européens, notamment des Pays voisins de l’Ukraine. Mais, au début en tous les cas, ce grand exil de réfugiés fuyant les horreurs de la guerre s’est passé dans une certaine confusion, en faisant peser tout le poids sur les autorités, associations et citoyens de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie et de Roumanie. L’Union européenne a été largement absente en dehors des aides d’urgence qui ne sont pas arrivées tout de suite.
L’absence d’un corps européen de protection civile capable d’intervenir immédiatement s’est fait sentir. Il aurait pu agir là où les autorités nationales et initiatives individuelles tardaient à réagir.
L’idée d’un corps européen de protection civile est un vieux serpent de mer que déjà, il y a quinze ans, le Président de la Commission européen José-manuel Barroso avait en tête en confiant un rapport sur le sujet à Michel Barnier. Dans le même temps, le Comité Economique et Social Européen, dans un avis d’initiative, le préconisait déjà comme un des moyens de renforcer le sentiment d’appartenance à la Communauté européenne pour les citoyens de l’Union.
Depuis l’automne 2021, l’Association Jean Monnet a repris le flambeau d’une initiative européenne pour la création d’un corps européen de protection civile . Nous, qui sommes les héritiers des idées du Père fondateur de l’Europe d’aujourd’hui, Jean Monnet, nous croyons que c’est par des réalisations concrètes qui vont améliorer au quotidien la vie des citoyens européens, qu’on pourra progresser, par étapes, vers les Etats Unis d’Europe !
Avant que l’actualité tragique à l’Est de l’Europe ne vienne réveiller nos peurs et nos consciences, nous avions aussi en tête la question des catastrophes naturelles, feux de forêts et inondations, qui, malheureusement, d’années en années, se multiplient avec le changement climatique
Sur le sujet des feux de forêts, l’Association jean Monnet, a notamment constaté qu’aucun Etat Membre, ne dispose de suffisamment de moyens aériens pour combattre plusieurs incendies en même temps sur son sol. Il faut alors faire appel aux autres voisins européens, comme l’ont fait récemment la Grèce, le Portugal et aussi la France. Mais que de temps perdu ! Il existe bien un mécanisme de coopération européen, mais il n’intervient jamais avant 36 heures au minimum ce qui est généralement tard quand des vies, des habitations, de belles forêts et des paysages magnifiques sont en danger ! Les flottes des avions spécialisés sont vieillissantes et l’Europe pourrait aussi se lancer dans un programme d’investissement pour les renouveler.
C’est la raison pour laquelle , l’Association jean Monnet veut, par son engagement sur ce projet, réunir des acteurs de la protection civile, des parlementaires européens et des représentants des autres Institutions européennes, de l’industrie ainsi que des mouvements associatifs pour établir une « feuille de route » pour aller vers des corps européens de protection civile pour répondre ensemble de façon plus efficace et plus solidaire aux grands défis auxquels nous sommes confrontés, les guerres et les conséquences du réchauffement climatique notamment,
Composées à partir des équipes existantes dans nos états et nos régions, mais complétées par des volontaires et professionnels européens, dotées de matériel acheté par l’UE, des équipes d’intervention rapide pourraient être ainsi positionnées aux endroits stratégiques pour des interventions rapides,
Ainsi l’AJM reprend avec humilité mais détermination, le flambeau du grand Jean Monnet qui faisait dire au grand Robert Schuman dans la déclaration au Parlement français du 9 mai 1950 que : L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. Chacune et chacun peut apporter sa pierre à un édifice qui ne se fera pas en un jour, notre Association veut être au cœur de cette relance de l’Europe par le concret.